Ci dessous la reflexion d'un sauvaginer, Bruno Lechelle (président d'Avifauna) sur le contexte actuel de la chasse au G.E.
Excellente synthèse pour moi!
Bonne lecture...et reflexion.
20 ans d'échecs pour le gibier d'eau, aucune stratégie
mais les chasseurs paient et paieront !
En ce début d'année 2011, les chasseurs de gibier d'eau se sont réveillés avec la gueule de bois suite au nouveau recours des associations de protection de la nature contre l'arrêté de fermeture de la chasse aux oies jusqu'au 10 février. Ce recours vient d'être rejeté par le juge des référés du Conseil d'Etat et c'est une très bonne nouvelle mais ... l'euphorie risque d'être passagère !
Ces associations ont clairement affichées leurs intentions et reniées leur parole. Le casus belli est consommé cette fois avec le monde de la chasse. N’ayons aucune illusion, elles reviendront à la charge avec de nouvelles données pour continuer leur stratégie visant à réduire la pratique de la chasse aux oiseaux migrateurs jusqu’à l’interdire totalement. D'ici là, la saison 2010 sera terminée et les chasseurs auront rangés les fusils, certains de leurs bon droit et de leur force mais ...
Le mal est bien plus profond. Notre belle chasse au gibier d'eau est attaquée de toute part : liste des espèces chassables, confusion et dérangement, périodes de chasse avec des extensions/réductions à géométrie variable sur des arguments des plus fallacieux, territoires restreints, trames bleues et vertes, Natura 2000, création de nouvelles réserves nationales et Parcs sur 400 000 ha prévus par le Ministère de tutelle, politiques d'acquisitions démultipliées grâce aux fonds publics, millions d’euros distribuer aux gestionnaires écolos mais qui du gestionnaire chasseur ?
Bref, toute notre activité, nos zones humides, nos espèces chassables mais aussi notre rôle de gestionnaire de la faune et de ses habitats nous échappent peu à peu et sont accaparés, sous prétexte de protection, par toute la mouvance associative écologistes et ses multiples ramifications.
Ces associations militantes jouent bien le coup et nous, comme les grandes armées coloniales, forts de notre nombre, de notre « canonnerie », nous nous croyons les plus malins !
Le réveil risque donc à nouveau d'être brutal et douloureux ! Notre avenir continue de s'assombrir et surtout l'accélération paraît enclenchée. Nous sommes donc maintenant dans le mur.
Quelles solutions apportées par le monde de la chasse ? Aucune stratégie n'est proposée. Où allons-nous ?
Concernant les territoires, depuis deux ans le Ministère en charge de l'Ecologie met en place une stratégie de mise sous protection forte de 400 000 nouveaux hectares d'ici 10 ans, dont de nombreuses zones humides, avec la création de Parcs Nationaux, de réserves naturelles (notamment dans l'Estuaire de la Loire, Camargue etc.).
C'est tout simplement énorme ! C'est presque multiplier pas deux les zones en Parcs Nationaux et réserves naturelles existantes !
Il est déjà affirmé, sans équivoque que compte tenu de ses impacts sur les populations animales et notamment le gibier d'eau, la chasse devra y être interdite ou très fortement limitée (précisé dans l'étude préalable faite pour la création du Parc National en Zone Humide.
Quid du renouvellement des baux du DPM ? Les chasseurs des Baie de Somme, Seine, Authie, Canche, de l’estuaire de la Loire vont-ils devoir quitter les lieux dans un beau baroud d’honneur ou, au mieux, avoir le droit de n'y chasser qu'un jour par semaine un seul canard ?
Pourquoi les réserves des Fédérations et de la Fondation des chasseurs ne sont elles pas reconnues à leur juste valeur créant justement l’idée d’un manque.
A quoi sert d'avoir investi des dizaines de millions d'euros pour faire des réserves si cela ne sert pas à défendre au niveau national les intérêts des chasseurs ?
Que penser de tout ceci à l'heure où les chasseurs sont, lentement mais sûrement, dépossédés des territoires qu'ils gèrent depuis des décennies ?
Que dire des 6 000 hectares rachetés en une seule opération avec des fonds européens, nos impôts donc, par le Conservatoire du Littoral en Camargue ? Les fameux Salins du midi ne produisent plus que des Flamants rose et des chômeurs...mais plus de sel qui est produit moins cher en Tunisie...et à terme plus de chasseurs ! Voilà un bel exemple pour l'avenir de nombreuses zones humides en site Natura 2000.
Qui s'en préoccupe côté chasseurs ?
Concernant les dates, le rapport Lefeuvre (2000) fait toujours office et seules de nouvelles études peuvent permettre de modifier les données de référence après validation en comité Ornis.
Depuis 10 ans donc nous savons très bien ce qu'il va nous arriver, tout était déjà écrit ! Quelles stratégies nationales ont été mises en place depuis toutes ces années pour préparer les échéances d'aujourd'hui ? Bizarre pas de réponse.... Les fédérations manquaient-elles de moyens financiers ?
Concernant les espèces, les moratoires du courlis cendré, de la barge à queue noire et de l'eider à duvet, n'ont déclenché aucune étude nouvelle pour les réintégrer dans la liste des espèces chassables ! Rien n'a été fait malgré les gesticulations démagogiques des instances !
Nous nous acheminons tout droit vers une ouverture tous milieux, toutes espèces au 15 septembre ! Peut être allons nous le découvrir quelques jours avant l'ouverture et jouer à nouveau les vierges effarouchées ? Durant les vagues de froid de cette année, des brebis galeuses ont terni l'image de tous les sauvaginiers mais aussi de tous les chasseurs. Qui a dénoncé ces pratiques ?
Est-ce ce que nous voulons ? Sommes-nous crédibles à affirmer que nous sommes les meilleurs protecteurs sans faire nous même ce nettoyage interne ?
Sommes-nous d'ores et déjà totalement dépassés avec des structures trop lourdes, des personnels fédéraux démotivés sans réelle coordination nationale, pour affronter les enjeux de demain ? Et tout ceci revient à une question : avons-nous une stratégie nationale sur la défense de la chasse au gibier d'eau ? Si oui : où est-elle ? Des idées, de belles conférences, des réunions nationales, des courriers aux ministres, à chaque fois de belles intentions mais dans les faits ? Quelle stratégie, quelles compétences humaines et quels moyens financiers pour l'appliquer au niveau national et européen ? Notre pire défaut, ne serait-il pas d'être incapable de reconnaître cet état des lieux ?
Alors aujourd'hui que faire ?
Il est évident que dans notre société moderne, la chasse d'hier, celle de la ponction de la manne céleste inépuisable, accompagnée d’un vivons heureux, vivons cachés, a vécue. Aujourd'hui, la transparence est de mise et les chasseurs doivent reprendre leur destin en mains, anticiper, être proactifs et ne plus réagir uniquement quand ils ont le dos au mûr !
La chasse de nuit est évidemment plus que menacée vus les excès des tontons flingueurs.
Je souhaite que les FDC mettent leurs propres services à contribution pour verbaliser ces irresponsables, qu'elles se portent partie civile systématiquement et que la FNC en fasse autant à leurs côtés. Il n'est plus possible de vouloir minimiser les actes de quelques uns car la chasse y perd toute sa crédibilité. Les nouveaux outils de communication permettent une diffusion très large et quasi immédiate de ces faits, vouloir les ignorer c'est se rendre coupable de complicité et la société qui nous observe ne peut qu'avoir une image négative de la chasse.
Il faut réviser la réglementation pour que les faiseurs d’excès puissent faire objet de sanctions suffisamment importantes et marquantes.
Profitons de cette révision pour doter la chasse de la possibilité de prendre en main la gestion des espèces. L’esprit du plan de gestion, décidé aujourd’hui par les chasseurs mais applicable uniquement à un département ne méritent t’il pas d’être décliné à l’échelon national pour les espèces migratrices ?
Bientôt le bilan de l'entretien des huttes et de leurs abords va nous être demandé comme précisé dans le texte de loi qui légalisait les installations. Je demande que des synthèses de gestion soient effectuées et que des guides soient rédigés.
Les fédérations, la fondation, les chasseurs doivent se repositionner dans la reconquête des zones humides, faire montre de leur capacité de gestionnaire et de la nécessité qu’ils ont d'être accompagnés financièrement par la puissance publique. Les outils existent et nous devons affirmer qu’il est plus économe et efficient d’aider les propriétaires privés que de les remplacer par des subventions à outrance.
La connaissance de nos prélèvements, des données qualitatives sur les oiseaux tués, la dynamique des populations, le dérangement sont autant de piste de travail que nous devrons explorer.
Il est clair que les dossiers techniques et scientifiques seront indispensables pour pérenniser une chasse au gibier d'eau qui devra, de toute évidence, évoluer dans ses pratiques. Nous devons structurer nos recherches, créer de véritables structures et exploiter toutes les possibilités offertes par les textes réglementaires.
Il faut certainement du courage politique pour ces évolutions mais la très grande majorité des chasseurs de gibier d'eau est prête. Evidement elle ne comprendrait pas que certains ne les défendent pas jusqu'au bout ! Je demande urgemment des prises de décisions concrètes sur le sujet et que chacun prenne ses responsabilités.
Sinon, à ce rythme, nous allons tout perdre ! Il faut manifestement consacrer au gibier d'eau un budget conséquent et arrêter ces stratégies de communications qui ne flattent que les chasseurs. L'urgence est ailleurs que de faire de belles affiches pour les bureaux des fédérations.
Place aux jeunes, place à l'esprit d'entreprise, place à la modernité ! Place au réalisme, aux résultats concrets pour nos chasseurs.
Nous avons de gros défis à relever, défis que nous n’avons de toute évidence pas su relever depuis 20 ans, si nous voulons transmettre des espèces, des territoires de chasse et notre passion à nos enfants.
Bruno Lechelle Sauvaginier passionné
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Dim 13 Fév - 20:28
...c'est tellement criant de vérité 
