Chers amis chasseurs,
C'est dans ces moments difficiles que je vous dois des explications détaillées sur notre défaite d'hier au Conseil d'Etat sur la régulation des oies jusqu’au 28 février. La stratégie que nous avons élaboré avec la ministre Emmanuelle Wargon et avec le soutien total de l’Elysée était basé sur deux axes principaux, à savoir les dégâts et les petites quantités. Si on ajoute à cela l'ensemble de nos données sur les oies fournies par la FNC et ISNEA, et l’évolution très positive obtenu à l’AEWA en Afrique du Sud en décembre dernier, le dossier prenait à l'évidence le bon chemin.
Toutefois nous avions conscience que le retard pris dans la transposition en droit français d’une partie de la directive allait être un handicap important.
C'est pourquoi depuis 8 mois, nous avons travaillé dur avec la FACE et les ministres Lecornu et Wargon pour obtenir un écrit de la Commission européenne sur cette dérogation en février. Il y a deux semaines, grâce à une intervention personnelle du Président de la République Emmanuel Macron auprès des instances européennes , la ministre Emmanuelle Wargon a reçu un courrier du commissaire européen Mr Vella, qui reconnaissait que la régulation des oies en février ne posait aucun problème. Cette lettre est une première que nous attendions depuis 12 ans et qui est arrivée pour la première fois . À cet instant je me suis dis que c'était gagné! Dans le même temps la ministre à obtenu avec brio un courrier du ministre norvégien concerné, qui approuvait avec force la pratique d'une chasse des oies en France en février. Nous avions nous même “mouillé notre chemise” en mobilisant directement le président de la Face qui connait les responsables politiques norvégiens.
Jamais nous n'avions eu de tels courriers entre les mains.
Et je dois reconnaitre que j’ai senti sur ce dossier une incroyable volonté politique de gagner en s’en donnant les moyens avec la diplomatie française tant de la part de la ministre Emmanuelle Wargon que du Président de la République.
Je pensais à tort que rien ne pouvait plus nous arriver. Une première inquiétude est survenue quand nous avons constaté que nous n'avions pas été majoritaire à la consultation publique: 47% de pour! Je savais que ce point pourrait interpeller le juge du Conseil d'Etat.
A la sortie de l'arrêté, nous avons été attaqué par quatre associations anti-chasse, dont bien sûr la LPO. N'oublions jamais que sans ces gens là nous n'aurions pas autant de problèmes! Nos adversaires , ce sont d'abord et avant tout ces personnes qui ont noyauté tout le système depuis bien longtemps. Un autre élément est venu ensuite perturbé ma sérénité sur ce dossier, lorsque quelques chasseurs ont été pris à tuer des canards dés les premiers jours de février. C'est un détail peut être ridicule, mais comme l'échec de la consultation publique, ce genre de chose joue toujours un rôle psychologique dans une d'affaire ultra sensible comme celle là.
L'audience est arrivée mardi matin. Les choses ne se sont pas bien passées, et nous avons sentis très vite que le juge n'était pas vraiment un ami de la famille et qu’il n’aurait rien à faire du courrier norvégien, ni de celui de la Commission européenne. La suite vous la connaissez. Nous avons perdu sur la forme car le Conseil d’Etat à suspendu l’arrêté et le jugement aura lieu sur le fond dans quelques mois. Cette suspension restera pour moi une véritable humiliation personnelle, même si nous n'avons perdu qu'une bataille mais pas la guerre.
Le juge a tout rejeté, ou n'a rien retenu, de toute façon c'est pareil! Les données, les pièces, l'argumentaire, les courriers , rien n'a semblé avoir de valeur à ses yeux! La conclusion est sans appel, 28 jours ou 1 jour, 4000 oies ou 1 seule, le résultat aurait été le même. Il pousse même le vice un peu plus loin en rappelant que d'autres moyens que la chasse existent et que nous n'avons pas assez creusé dans cette direction. En clair, gazer les oies ne poserait aucun problème, mais les chasser c'est impossible! Évidement c'est dur à lire et à admettre mais cela veut dire que le Conseil d'Etat porte une énorme responsabilité dans sa façon de juger les choses.
Cela signifie que dans notre République, un ministre et même le Président de la République doivent se plier à l’avis d’un seul juge de cette juridiction administrative.
Bien sur j’ai immédiatement engagé des discussions avec la ministre et l’Elysée pour étudier les possibilités de reprendre un arrêté dans la foulée. Le constat est sans appel, c’est impossible aux vues des conclusions du Conseil d’Etat car il serait cassé dans les heures qui suivent. Quelle déception, alors que nous avions joué le jeu en concevant et en testant une application pour portable qui permettait de gérer le quota d’oies en temps réel et donnait une garantie sérieuse pour la maitrise d’une petite quantité .
Néanmoins ma colère est resté tout aussi forte lorsque j’ai constaté que des abrutis m'ont explosé le compteur du prélévement des oies la nuit dernière sur chassadapt en faisant des déclarations fantaisistes ! Félicitation à ces chasseurs intelligents qui pour certains ont déclaré avoir tué plus de 800 oies en quelques heures alors qu’elles ne passaient pas .
Voilà donc la triste petite histoire que je voulais vous raconter.
Je voudrai aussi vous dire que j'en suis le premier déçu et même bien plus que cela. Cette couleuvre aura du mal à passer. Mais en politique comme ailleurs, on dit que la défaite n'existe pas, c'est l'apprentissage qui rentre...
Je peux alors vous confirmer que j'ai pris une sacrée leçon!
Pour ma part, je remettrai toujours l'ouvrage sur la table car je suis élu pour cela, et que je n'ai jamais baissé les bras dans ma vie. Je ne vais donc pas commencer aujourd'hui. Je me suis fixé des objectifs en début de mandat, et je veux les tenir! Les oies en font partie, et même si je viens encore de me planter pour la troisième fois, je retournerais livrer cette bataille du bon sens contre l'injustice. Les écolos qui fanfaronnent depuis ce matin ont bien tort car l'étau se resserre et la chasse est en train de rattraper le temps perdu! Chaque défaite nous rapproche un peu plus de la victoire, et leurs grandes heures de gloire seront bientôt derrière eux!
Je m'attriste aussi de voir la haine de certains, envers ma personne ou les politiques qui se sont battus pour nous dans ce dossier! C'est sûrement la chose la plus difficile à vivre en ces temps compliqués, et je l'accepte pour moi avec philosophie car je comprends votre colère, mais j'estime que pour le président et la ministre c'est totalement infondé!
La victoire est toujours collective, la défaite reste généralement l'affaire d'une personne!
Je vais maintenant me concentrer sur le jugement sur le fond, et j'espère vous apporter bientôt de bonnes nouvelles car je suis encore plus déterminé. Pour ceux qui veulent encore chasser les oies dans la légalité, cela ne sera donc plus possible pour cette année. Pour ceux qui veulent en découdre dans l'action, ce sera sans moi, car vous imaginez bien que le Conseil d'Etat se fout totalement de notre colère.
Voilà donc honnêtement où nous en sommes, ce jeudi 8 février en soirée, sur le sujet politique et juridique des oies. Le bilan de 2019 est simple: nous avons chassé légalement 7 jours les oies et vous en avez prélevé environ 350 ( en retirant les fausses déclarations faciles à identifier). Ce n’était pas ce que je vous avais promis et j’en assume l’entière responsabilité.
Amitiés en St hubert
Et vive la chasse!
Willy Schraen