http://www.lavoixdunord.fr/Region/actualite/Secteur_Region/2009/04/20/article_la-maladie-du-renard-progresse-un-animal.shtmlLa « maladie du renard » progresse : un animal sur deux est contaminé dans la Sambre
lundi 20.04.2009, 05:03 - La Voix du Nord
Plus de 400 personnes ont été touchées par la maladie du renard.P
| INQUIÉTUDE |
C'est le bilan d'une étude menée dans 42 départements. La crainte, c'est que cette maladie parasitaire, bénigne pour le renard, ne se transmette à l'homme : mal diagnostiquée, l'échinococcose alvéolaire peut être mortelle. La France compte 400 malades, quatre dans la région, et 59 décès. Ils pourraient être beaucoup plus nombreux.
Marc est un rescapé de l'échinococcose. Le sexagénaire a subi une double greffe du foie, prend un traitement à vie. Son histoire, ce Bas-Normand la raconte en boucle aux membres de l'ASDPCEA, une association de soutien aux victimes de la maladie, qui a son siège à Cappelle-en-Pévèle, près de Villeneuve-d'Ascq. « J'ai été soigné pour un ver solitaire en 1998. Le mal est revenu en 2002, un bilan sanguin a révélé une infection du foie. Mon médecin m'a dit qu'il fallait que j'arrête de boire ! » Il a suffi qu'un ami chasseur lui parle de la « maladie du renard », trop souvent confondue avec cancer, cirrhose ou hépatite, pour qu'il fasse des tests. Six ans après les premiers symptômes d'une maladie qui peut mettre dix ans à se déclarer. Il a sauvé sa vie mais pas son foie. « J'étais piégeur de renards. c'est sans doute en manipulant un animal que j'ai attrapé le ténia. » Ses oeufs microscopiques, présents dans les excréments des renards, eux-mêmes contaminés par des campagnols, peuvent rester plusieurs mois dans la nature. « Il suffit de toucher de la terre, des végétaux contaminés et de mettre les mains à la bouche pour attraper la maladie », prévient Philippe Wartelle, fondateur de l'ASPDCEA.
Quinze cas par an
Le Pévélois se bat depuis des années pour informer. « Certains me reprochent de vouloir éradiquer les renards. Mais des études montrent que les chiens ou les chats véhiculent eux aussi la maladie. » Son objectif : que des panneaux soient installés à l'entrée des parcs, des bois, expliquant qu'on peut facilement se prémunir de l'échinococcose en portant des gants, en se lavant les mains, en rinçant les crudités, en faisant cuire les mûres sauvages, ou en vermifugeant son chien... À force de jouer les Cassandre, il a été entendu : Jean-Louis Borloo, ministre de l'Écologie, vient de le nommer dans une commission sur cette parasitose.
Une récente étude de l'ERZ, un établissement public financé par 42 conseils généraux, tire la sonnette d'alarme. Circonscrite jadis au Cantal et à quatre départements du Nord-Est, la maladie s'est étendue depuis 2001. « Avec l'éradication de la rage et l'interdiction de la fourrure, le nombre de renards aurait été multiplié par cinq en vingt ans », explique Benoît Combes, le directeur de l'ERZ. Le péril vient de l'est : la moitié des renards prélevés dans la Sambre-Avesnois sont contaminés. « Pour l'ensemble du Nord, la proportion est d'un sur quatre », note l'ERZ. Le Pas-de-Calais est plusépargné : 6 % des renards sont porteurs du ténia.
« Quand on voit toutes les précautions autour de la vache folle ou de la grippe aviaire, qui n'a fait aucune victime humaine, on se dit qu'on ferait bien de prendre des mesures, sans tomber dans la psychose. Une quinzaine de nouveaux cas sont recensés par an ! », s'époumone Philippe Wartelle. Un ministre a déjà tendu l'oreille. •
MARIE VANDEKERKHOVE
> ASPDCEA, tél. : 06 70 69 04 09.
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www.ententeragezoonoses.com